Dans l’absolu, une institution n’est ni bonne ni mauvaise. Qui plus est, elle ne saurait être nécessaire, en ce qu’elle peut ne pas être. C’est vrai pour l’Etat unitaire, souvent appréhendé sous nos cieux comme « l’institution révélée », en tant que le prétexte par excellence du mythe-fondateur de nos jeunes Etats-Nations : l’unité nationale. Mais ça l’est aussi pour l’Etat fédéral, puisque lui, non plus, ne va pas de soi.
C’est donc ce que nous en faisons qui fait qu’une institution peut être réputée bonne ou mauvaise. Encore faut-il la penser, d’abord, pour ensuite devoir la concevoir à la faveur notamment d’une vision politique transversale et transcendante, et dans le cadre d’un projet de société tout aussi transversal et transcendant. Nul doute que, dans un tel contexte, un événement douloureux, comme celui des inondations survenu récemment au Sénégal, ne saurait avoir raison, sous aucun prétexte, ni de la raison d’être de telle ou telle institution, ni même de son existence, ni à plus forte raison de sa finalité.
Le chef de l’Etat, le président Macky SALL, avait annoncé en juin 2012, au sortir d’un conseil des ministres délocalisé (et non décentralisé !) à Ziguinchor, son intention de produire un « concept de développement territorial », susceptible de faire l’objet de quelque expérimentation en Casamance, avant, le cas échéant, d’être étendu aux autres régions du pays. Ce qui, dans notre entendement, participerait d’une nouvelle dynamique de décentralisation de l’Etat, qui tienne particulièrement compte des contingences historiques (y compris territoriales et culturelles), socioéconomiques et politiques, voire géopolitiques, que cela sous-tend. En cela, si tant est que cette heureuse intention du chef de l’Etat ait véritablement vocation à devenir réalité, le président Macky SALLL aurait fait sienne, en l’occurrence, notre propre projection, expressément prévue et rigoureusement traitée dans le projet de société du Mouvement pour le Fédéralisme et la Démocratie Constitutionnels (MFDC).
Or, dans le cadre de celui-ci, nous envisageons, entre autres, l’institution d’un Sénat au Sénégal, en tant qu’une émanation exclusive des Assemblées provinciales, démocratiquement élues par les citoyens concernés. Ainsi, donc, le Sénat serait la réunion des Sénateurs de la République fédérale du Sénégal, tous élus par les Parlements provinciaux. Chaque Province fédérée disposerait d’un nombre égal de Sénateurs. Ayant la qualité de législateur autant que l’Assemblée nationale, le Sénat aurait également le pouvoir de contrôle de l’action du Gouvernement fédéral. En tant que représentant des Provinces fédérées, le Sénat se devrait, à ce titre, de défendre les intérêts respectifs de ces dernières devant l’Etat fédéral.
Au demeurant, le drame des inondations a-t-il fait suggérer à certains acteurs politiques, notamment en guise de solution durable y relative – fût-ce le temps d’une émotion furtive et nécessairement éphémère – « une délocalisation de la capitale administrative et politique vers le centre du pays ».
Pour notre part, nous y sommes on ne peut plus favorables, quoique pour des raisons autrement plus transversales et plus transcendantes. Voici donc ce que nous projetions déjà à ce sujet : ‘‘L’érection de l’Etat sénégalais en une République fédérale devrait s’accompagner :
- du transfert de la Capitale administrative et politique au centre du pays (par exemple au carrefour des régions de Kaolack, Tambacounda, Matam et Louga). Symboliquement, elle apparaîtrait comme le cœur du pays, d’où partirait l’énergie vitale vers les Provinces fédérées, pour en revenir toujours plus régénérée, au bénéfice et de l’Etat fédéral et des Provinces fédérées. Psychologiquement, la Capitale administrative et politique ne serait plus perçue comme un ‘‘pays’’ lointain par les Provinces fédérées, tandis que ces dernières pourraient rompre avec cette fâcheuse réalité qui consiste à se tourner mutuellement le dos, pour n’avoir le regard que braqué sur Dakar. Au demeurant, l’émergence d’une nouvelle ville-capitale aiderait sûrement au désengorgement de Dakar, tout en redynamisant notre économie (par la création de nouveaux emplois directs et indirects, du fait de l’existence de nouveaux services et autres unités de production pour faire face aux besoins nouveaux générés par la nouvelle donne).
- du transfert d’un nombre conséquent d’agents publics vers les Provinces fédérées, afin de permettre à ces dernières d’assurer la continuité des services publics, que nous voudrions par ailleurs davantage efficaces et de qualité.’’
L’érection d’institutions nouvelles, et notamment d’une République et d’un Etat nouveaux, dans un Sénégal résolument nouveau, parce que résolument tourné vers la modernité et la prospérité, est à ce prix. Indubitablement ! Nécessairement !
Dakar, le 12 septembre 2012
Jean-Marie François BIAGUI
Président du MFDC
C’est donc ce que nous en faisons qui fait qu’une institution peut être réputée bonne ou mauvaise. Encore faut-il la penser, d’abord, pour ensuite devoir la concevoir à la faveur notamment d’une vision politique transversale et transcendante, et dans le cadre d’un projet de société tout aussi transversal et transcendant. Nul doute que, dans un tel contexte, un événement douloureux, comme celui des inondations survenu récemment au Sénégal, ne saurait avoir raison, sous aucun prétexte, ni de la raison d’être de telle ou telle institution, ni même de son existence, ni à plus forte raison de sa finalité.
Le chef de l’Etat, le président Macky SALL, avait annoncé en juin 2012, au sortir d’un conseil des ministres délocalisé (et non décentralisé !) à Ziguinchor, son intention de produire un « concept de développement territorial », susceptible de faire l’objet de quelque expérimentation en Casamance, avant, le cas échéant, d’être étendu aux autres régions du pays. Ce qui, dans notre entendement, participerait d’une nouvelle dynamique de décentralisation de l’Etat, qui tienne particulièrement compte des contingences historiques (y compris territoriales et culturelles), socioéconomiques et politiques, voire géopolitiques, que cela sous-tend. En cela, si tant est que cette heureuse intention du chef de l’Etat ait véritablement vocation à devenir réalité, le président Macky SALLL aurait fait sienne, en l’occurrence, notre propre projection, expressément prévue et rigoureusement traitée dans le projet de société du Mouvement pour le Fédéralisme et la Démocratie Constitutionnels (MFDC).
Or, dans le cadre de celui-ci, nous envisageons, entre autres, l’institution d’un Sénat au Sénégal, en tant qu’une émanation exclusive des Assemblées provinciales, démocratiquement élues par les citoyens concernés. Ainsi, donc, le Sénat serait la réunion des Sénateurs de la République fédérale du Sénégal, tous élus par les Parlements provinciaux. Chaque Province fédérée disposerait d’un nombre égal de Sénateurs. Ayant la qualité de législateur autant que l’Assemblée nationale, le Sénat aurait également le pouvoir de contrôle de l’action du Gouvernement fédéral. En tant que représentant des Provinces fédérées, le Sénat se devrait, à ce titre, de défendre les intérêts respectifs de ces dernières devant l’Etat fédéral.
Au demeurant, le drame des inondations a-t-il fait suggérer à certains acteurs politiques, notamment en guise de solution durable y relative – fût-ce le temps d’une émotion furtive et nécessairement éphémère – « une délocalisation de la capitale administrative et politique vers le centre du pays ».
Pour notre part, nous y sommes on ne peut plus favorables, quoique pour des raisons autrement plus transversales et plus transcendantes. Voici donc ce que nous projetions déjà à ce sujet : ‘‘L’érection de l’Etat sénégalais en une République fédérale devrait s’accompagner :
- du transfert de la Capitale administrative et politique au centre du pays (par exemple au carrefour des régions de Kaolack, Tambacounda, Matam et Louga). Symboliquement, elle apparaîtrait comme le cœur du pays, d’où partirait l’énergie vitale vers les Provinces fédérées, pour en revenir toujours plus régénérée, au bénéfice et de l’Etat fédéral et des Provinces fédérées. Psychologiquement, la Capitale administrative et politique ne serait plus perçue comme un ‘‘pays’’ lointain par les Provinces fédérées, tandis que ces dernières pourraient rompre avec cette fâcheuse réalité qui consiste à se tourner mutuellement le dos, pour n’avoir le regard que braqué sur Dakar. Au demeurant, l’émergence d’une nouvelle ville-capitale aiderait sûrement au désengorgement de Dakar, tout en redynamisant notre économie (par la création de nouveaux emplois directs et indirects, du fait de l’existence de nouveaux services et autres unités de production pour faire face aux besoins nouveaux générés par la nouvelle donne).
- du transfert d’un nombre conséquent d’agents publics vers les Provinces fédérées, afin de permettre à ces dernières d’assurer la continuité des services publics, que nous voudrions par ailleurs davantage efficaces et de qualité.’’
L’érection d’institutions nouvelles, et notamment d’une République et d’un Etat nouveaux, dans un Sénégal résolument nouveau, parce que résolument tourné vers la modernité et la prospérité, est à ce prix. Indubitablement ! Nécessairement !
Dakar, le 12 septembre 2012
Jean-Marie François BIAGUI
Président du MFDC